28.10.2008
Fallait-il vraiment exhumer Kleber Haedens pour honorer de son nom, un collège ?
Un journaliste, essayiste et écrivain, né en 1913, formé au Prytané de La Flèche, anciennement Ecole Royale militaire. Un "Brution" qui n'a laissé de trace que chez les nationalistes.
Cet homme, un auteur important de la littérature française qui, sous l'occupation, nous dit Monsieur le Maire de la Garenne-Colombes, Philippe Juvin, secrétaire nationale de l'UMP (.../... le reste du pédigré a été modéré) fût la "boite aux lettres" de son ami Pierre de Bénouville.
Un Pierre (Guillain) de Bénouville, qui fût aussi un temps, proche de La Cagoule et militant aux Camelots du Roi (17ème section), l'organisation de jeunesse de l'Action française.
C'est sans doute là aussi, à l'Action Française que Kleber Haedens rencontra Maurice Blanchot qui dirigeait le journal "Aux Ecoutes", un journal nationaliste dans lequel Haedens publia un peu. Comme il publia ensuite à Combats de 1936 à 1939, comme il publia quelques billets à "Je suis partout", un périodique antisémite qui se recommandait d'un fascisme à la Française. C'est là aussi qu'il côtoya, Pierre Gaxotte, Robert Brasillach, Lucien Rebatet, Claude Jeantet, Bernard de Vaulx (ancien secrétaire de Charles Maurras), Maurice Bardèche, Claude Roy et Pierre Drieu La Rochelle, d'autres collaborateurs du journal. Kleber Haedens publia également dans Idées, l'Insurgé (1937), Compagnons et surtout dans Aspects de La France.
Aspect de La France était alors un périodique qui défendait une stricte orthodoxie au maurrassisme et dont l'équipe de rédaction, Michel Déon, Pierre Boutang, Jacques Perret, Roger Nimier, Antoine Blondin et Kleber Haedens avait clairement pour objectif de relancer la doctrine du nationalisme intégral en même temps que le projet monarchiste du mouvement de l'Action Française. Le directeur de publication d'Aspects de La France, donc de Kleber Haedens était à ce moment l'ancien Commissaire aux questions juives de Vichy, Xavier Vallat, instigateur de la politique antisémite de Vichy. Alors que Charles Maurras avait été condamné à perpétuité et à la dégradation nationale pour intelligence avec l'ennemi, Kleber Haedens fût alors son secrétaire privé, le plus dévoué.
Kleber Haedens fût plus tard de 1961 à 1968 dans l'équipe de rédaction du Nouveau Candide. Un journal qui, dit-on, servait à financer l'OAS dont Kleber Haedens "aurait" fait partie (c'était une armé secrète terroriste dont les membres, bien sûr, ne criaient pas leur appartenance sur les toits. Mais de ses camarades n'hésitent pas à compter Kleber Haedens dans leur rang).
Certes, plus tard, Kleber Haedens eu une carrière moins engagée, de critique littéraire (Paris Presse) et de journaliste sportif (Journal de Dimanche, France Soir). Il publia même dans Elle. C'était un bon vivant, entretenu dans un bulle d'alcool diront de lui certains.
Sa femme, Caroline Haedens était bonne cuisinière et publia un livre : Le Guide Caroline.
Quant à son ouvrage principal, Une Histoire de la littérature française, Kleber Haedens s’y emploie, avec talent certes, mais à conspuer les philosophes des Lumières et leur influence déterminante dans l'héritage intellectuel et politique de la France républicaine. Il y exprime surtout, à l’inverse et sans retenue, toute son admiration pour les écrivains nationalistes (y compris ceux qui furent compromis dans la politique de collaboration avec l'Allemagne). Une histoire très favorable aux écrivains fascistes ou fascisants, dira Louis Aragon. Une œuvre très à droite et de combat, disait Jean d'Ormesson en 1998.
Voilà le Kleber Haedens que les collégiens de La Garenne-Colombes découvriront quand il leur faudra se pencher sur ce nom-là, Kleber Haedens, le nom de leur établissement scolaire. A moins, bien sûr, que d'ici la prochaine rentrée scolaire, Internet et toutes les bibliothèques nationales aient été passés au Kärcher de l'oubli.
Est-ce bien nécessaire ?
Fallait-il vraiment exhumer Kleber Haedens des poubelles de l'Histoire ?
Avions-nous vraiment cet "autre devoir de mémoire" à accomplir absolument après celui de la Shoah et de Guy Mocquet ?
Est-il vraiment nécessaire de revenir, avec cette exhumation, aux valeurs de "Travail Famille Patrie", si chères à Haedens ?
Est-ce de ce monde-là qu'il faudrait être nostalgique, pour préparer l'avenir de la jeunesse ?
Revenons sur une décision encore purement administrative. Construisons ensemble l'avenir, mais de grâce, autour de valeurs républicaines, pas avec celles-là, de si triste mémoire.
Philbert
14:15 Publié dans Kleber Haedens | Lien permanent | Commentaires (4) | Envoyer cette note | Tags : Garenne, Colombes, Haedens, Juvin, Collège
Commentaires
J'ai été décoré il y a quelques années par M. Juvin. Si le nom de Kleber Haedens, entaché de collaborationnisme et d'antisémitisme honteux, était définitivement adopté pour ce nouveau collège, je me demanderais pourquoi avoir fait -en tant que GI -un débarquement en Normandie à Omaha Beach le 8 juin 1944. et risqué ma peau.Si à la demande d'associations, de professeurs de lycée, je raconte mon parcours militaire, ça n'est surement pas pour voir glorifier quelqu'un qui mériterait d'être oublié. Bernard Dargols
Ecrit par : Dargols Bernard | 07.11.2008
1/ La presse "collaborationiste" prônait à Paris la victoire de l'Allemagne (Brasillach, Rebatet, Drieu la Rochelle...). Haedens n'y a jamais écrit, étant lui même réfugié en zone Sud à Lyon. Il n'a écrit (comme son ami Thierry Maulnier, honoré par un lycée à Nice) dans la presse de la zone sud que des chroniques sportives et littéraires.
2/ Vallat est devenu directeur d'Aspects de la France dans les années 1960 alors qu'Haedens y a écrit entre 1947 et 1952.
3/ Haedens a été secrétaire de Maurras dans les années 1930, pas à La Libération.
Désolé de vous infliger ces précisions. Autant rester exact.
Pour "Aspects de la France", vous pouvez ajouter Marcel Aymé, Jean Paulhan ou le colonel Rémy parmi les rédacteurs plus ou moins occasionnels.
Le plus drôle c'est que Maurice Blanchot et Claude Roy devinrent communistes après 1944...
Ecrit par : Antoine | 07.11.2008
Ce qui n'est pas drôle du tout, c'est que Maurras - c'est très bien expliqué partout - se félicitait de son équipe pluridisciplaire capable d'écrire de A à Z des périodiques dont la seule vocation était la promotion de ses idées. Des valeurs antirépublicaines, monarchistes, nationalistes et antisémites.
Haedens était à la critique littéraire et théatrale, quand d'autres avaient des tâches plus visibles ( ce qui lui a permi de passer l'épuration sans trop être inquiété) Il avait comme objectif de démolir ce qu'il trouvait de gauche, de juif, de maçonnique ou de communiste dans ce qui lui passait entre les mains, livres, pièces (la BNF regorge de documents).
Ce qui n'est pas drôle du tout : c'est de lire le post de ce monsieur qui a débarqué en Normandie peut-être à bord d'un LCVP, fusil pointé vers la liberté et qui voit des gens s'évertuer à défendre le contraire de ce pour quoi il s'est battu.
On n'est pas là pour dire que K.Haedens était le plus pourri des hommes, on s'en moque, on est là pour dire qu'il y a d'autres noms à honorer avant celui-là, à la Garenne-Colombes. Des noms portés par des hommes ou des femmes, qui ont FRANCHEMENT défendu les valeurs de la république ou FRANCHEMENT été des artistes. Ce qui n'est pas le cas de K.Haedens. Personne ne fait son procès, il est inutile de lui chercher côute que coûte des circonstances atténuantes.
Il y a bien une demie douzaine de garennois, qui mériteraient cette place, sur le fronton de la nouvelle école pour que l'on laisse "votre "Haedens, là où il est : dans votre bibliothèque et sur la table de chevet de notre maire.
Je viens de lire l'histoire de ce soldat, maintenant garennois. Une rue porte maintenant son nom en Normandie. Bravo.
Je fréquente beaucoup d'américains pour mon travail. je ne manque jamais une occasion de les remercier, de remercier leur père ou grand-père. Ce garennois, je le remercie de tout coeur aussi, bien sûr. C'est son histoire qu'il faut raconter aux jeunes garennois (les colonnes de ce blog lui sont grandes ouvertes) pas celle de "ce vieux briscard de la réaction, dilué à l'alcool".
Assez, assez.
Ecrit par : Philbert | 07.11.2008
Alors la c'est le ponpon !
Hadens n'a fait "que" écrire dans la presse de Vichy ?
Je suis désolé mais l'épisode de Vichy est pour moi la vraie honte de cette triste période.
Celle du pays qui se renie en mettant en oeuvre les mêmes abominations que sont agresseur pour "obtenir" une certaine indépendance alors qu'en agissant de la sorte il foule ce qu'il prétend défendre "pas la peine de vous déranger on va finir le boulot nous mêmes !" La vraie collaboration c'est Vichy !
Quelle est pour vous la différence entre la zone occupée et la zone "libre" ? Pensez-vous que le fait de se faire arrêter par un uniforme de la police Française au lieu des runes SS était une consolation pour les français de Vichy ?
Mais c'est pas possible, quand comprendrez vous que Pétain n'est pas le sauveur des meubles mais le fossoyeur de notre pays ?
A vous lire Antoine, le fait d'avoir oeuvré dans la presse du régime de Vichy et qui plus dans la matière préférée de la propagande, c'est à dire la culture ferait de KH un exemple de vertu ?
Mais comment pouvez-vous signer en bas de tels arguments... j'espère qu'il s'agit d'un pseudonyme...
Je suis effaré par une telle gymastique intellectuelle.
Ecrit par : Poil à Gratter | 07.11.2008
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