21.04.2009
Philippe Juvin n'a pas choisi le bon nom de collège - Kleber Haedens - pour "fustiger symboliquement les énemis de la république".
Pouvait mieux faire :)
"Les valeurs de la République appartiennent à tout le monde"
Le Haut conseil à l'intégration (HCI) vient de remettre au ministre de l'Immigration, Eric Besson, un rapport sur les "valeurs de la République".
Il recommande notamment de réexpliquer et remettre à l'honneur la Marseillaise, Marianne et le drapeau tricolore. Les explications de son président, Patrick Gaubert.
Le Haut conseil à l'intégration veut réactiver les valeurs de la République, spécialement dans les écoles ...
Le Haut conseil suggère donc de cibler l'action sur les écoles, en y rendant plus visibles drapeaux et symboles de la République, mais aussi en favorisant la création de classes d'accueil pour les mineurs immigrés, et l'invitation plus régulière de leurs parents dans l'enceinte des établissements.
NB : Patrick Gaubert est aussi président de la Licra et député européen.
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Question : en donnant au nouveau collège, le nom d'un secrétaire de Charles Maurras, anti-républicain acharné lui-même et membre de l'Action Française , qui a critiqué sans réserve les professeurs et publié dans des journaux fascistes, voire très antisémites (Je suis partout de 1938 à 1940), je parle de Kleber Haedens (1913 - 1976), est-ce vraiment ainsi que la municipalité de La Garenne-Colombes pense "fustiger symboliquement les énemis de la république", comme aimerait pourtant qu'on le fasse, le Ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson ?
18:08 Publié dans Kleber Haedens | Lien permanent | Commentaires (4) | Envoyer cette note | Tags : garenne, colombes, drapeau, haedens, anti-républicain
Commentaires
Kléber Haedens semble avoir été un monsieur très prudent, mais on trouve encore d'autres passages révélateurs dans son histoire de la littérature française.
Dans la première édition de 1943, on trouve par exemple ce passage (p.460) à propos de Céline: "mais Céline n'en continua pas moins sa route en lançant d'énormes pamphlets antisémites, tantôt réjouissants, tantôt sinistrement ennuyeux ( Bagatelles pour un massacre, l'Ecole des cadavres)".
Qui pouvait trouver des pamphlets antisémites "réjouissants" ou même simplement "ennuyeux", à une époque ( le livre a été écrit entre avril 1942 et février 1943, et publié en 1943) où l'on déportait des trains entiers de juifs vers les camps de concentration? Dans son édition révisée de 1970, Kléber Haedens a cru bon d'effacer ce débordement qui lui avait sans doute paru tout naturel à l'époque ( voir p.482-483).
On note aussi la différence des développements sur Maurras, son maître à penser , entre la première et la dernière version de son livre. Dans l'édition de 1943, son admiration se déploie librement: "cet homme extraordinaire n'a cessé de répandre pendant toute son existence une somme presque fabuleuse de vérités, dissipant les nuées, traquant et forçant les mensonges et les idées folles répandues en France depuis l'Encyclopédie, libérant la meilleure part de la jeunesse des poncifs démocratiques" (p. 411), ou encore (p. 411) "la prison de Maurras est l'un des signes les plus aveuglants de la stupidité démocratique". (* :il s'agissait de la prison que Maurras avait faite sous le Front Populaire en raison de menaces conditionnelles contre Léon Blum!)
Je n'ai pas retrouvé ces vigoureuses assertions dans la version de 1970, mais, même avec quelques adoucissements de la rédaction, on peut difficilement douter que Kléber Haedens reste fidèle à lui-même. On a vu son passage sur Brasillach, on peut aussi consulter les quelques lignes sur Henri Béraud, ou sur Rebatet , dont il dit qu'il " faudra relire dans dix ans" l'énorme pamphlet ", "Les Décombres", qui lui a paru "tout plein d'une jubilation atroce".
Et que dire, quand on a lu le livre, de son jugement lapidaire sur "le silence de la mer" de Vercors? (C'est dans la version de 1970, p. 497). "récit assez plat où l'on voit deux français abrutis aux prises avec un allemand très distingué, lui-même accablé par les sombres desseins de l'Allemagne à l'égard de la France. Le succès de cet ouvrage reste entièrement inexpliqué." En quoi est-ce une critique littéraire? En quoi ces deux français méritent-ils le nom d'"abrutis"? Parce qu'ils refusent de sympathiser avec un occupant?
Kléber Haedens écrivait bien, mais ce n'est pas la question. La question est de savoir si, pour nommer un collège, on peut faire abstraction des valeurs que représentait cet homme, et qui étaient visiblement contraires aux valeurs de la République?
Ecrit par : quidam | 21.04.2009
Bravo pour votre commentaire à la fois rigoureux sur les faits et très instructif sur le fond et sur la personnalité de kleber Haedens. On pensait que de telles idéologies extrémistes de gauche ou de droite et leur cohorte de souffrances appartenaient désormais au passé dans nos régions.
Et bien non, il n’en est rien, il suffit de quelques inconscients illuminés pour remettre ces idéologies nauséabondes au gout du jour en les proposant aux enfants de surcroit.
A moins que tout ceci ne fasse parti d’un plan qui consiste à déstabiliser un peu plus le corp social pour ensuite faire passer des lois sécuritaires et s’assurer ainsi le pouvoir ?
J’espère que nous n’en sommes pas là et il est important que de simples citoyens non politisés montrent avec force et détermination leur opposition à de tel manœuvres pendant qu’il en est encore temps.
Ecrit par : Garennois | 22.04.2009
Bonjour et surtout merci "Quidam". Dire que l'on reprochait à ceux qui contestaient ce nom de pas avoir lu Haedens ... et bien, avec beaucoup de modestie (pour choisir "quidam") une lectrice ou un lecteur vient de brillament démontrer le contraire. Nous autoriseriez-vous à publier votre commentaire en colonne centrale, tant il est intérressant ?
Quant aux mauvaises critiques de Haedens envers Vercos (Jean Bruller), votre interprétation est sans doute très justifiée. Il en existe une autre toute simple : Jean bruller était né d'un père juif hongrois d'une part et d'autre part, les critiques de droite lui reprochaient d'avoir fait mourir "son" juif par des Français pétainistes. Kleber Haedens n'aimait pas beaucoup les écrivains juifs ... faut-il le rappeler.
Quand on dit que ses critiques n'étaient pas que littéraires, nous savons de quoi nous parlons ...
Comment donc, peut-on en 2009 décider de donner comme nom à une école celui d'un type qui, en 1942, osait encore qualifier les pamphlets de Céline de "rejouissants".
Ecrit par : PhilBert | 22.04.2009
Il existe une raison tout simple à la critique cinglante du "silence de la mer" : c'est un roman tout ce qu'il y a de plus lamentable, fort mal écrit et rempli à ras-bord de bêtise cocardière (un sous-sous-sous Colette Baudoche si l'on veut)
Quant à la façon dont Haedens qualifiait les pamphlets de Céline, il faut bien sûr faire deux parts : les pamphlets, comme l'admettent aujourd'hui des critiques comme Philippe Alméras ou Sollers, sont souvent tout autant que les romans représentatifs du "grand style" célinien — Haedens les juge donc "réjouissants" — parfois beaucoup plus faibles — Haedens les juge alors "ennuyeux" — quant à l'appréciation politique, elle est toute entière contenue dans l'adjectif "sinistres".
Pour ce qui est de ce M. Gaubert, je ne sais qui il est, pas plus que je ne connais le "machin", comme aurait dit le Général, qu'il préside — énième "commission" pondeuse de rapports rédigée dans une novlangue que sa laideur disqualifie d'emblée. Je ne savais pas non plus que quiconque eût autorité dans ce pays pour dire dans quelles "valeurs" un Français est supposé (a l'obligation de ?) se reconnaître.
Ecrit par : max | 22.04.2009
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