08.04.2011
Claude Guéant, le « méchant » de Nicolas Sarkozy
« Je veux que tu fasses le méchant, qu’on te déteste » : voilà la mission que Nicolas Sarkozy a, selon un proche, confiée à Claude Guéant en le nommant à l’Intérieur fin février. De ce point de vue, c’est réussi! Depuis qu’il a pris les commandes place Beauvau, c’est un festival de dérapages contrôlés : « les Français veulent que la France reste la France », ils « ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux », « l’accroissement du nombre de fidèles » musulmans pose « problème »… Voilà maintenant que Guéant heurte en affichant sa volonté de réduire l’immigration légale, une première depuis 2007.
L’objectif, non avoué, est transparent : ramener vers l’UMP les électeurs des catégories populaires séduits par le FN, et éviter au président une cuisante élimination au premier tour de la présidentielle par Marine Le Pen en 2012.
Pour ceux qui côtoyaient l’onctueux Cardinal, son surnom du temps où il était secrétaire général de l’Elysée, cette métamorphose est un choc. A gauche, certains en viennent à regretter Brice Hortefeux : « Guéant le fait passer pour un grand humaniste », sourit un député PS. Grand serviteur de l’Etat, et de Sarkozy en particulier, Guéant, à 66 ans, assume ce rôle de composition : « Je ne me soucie pas de mon image. J’ai une feuille de route que je vais appliquer sans états d’âme », assène-t-il en petit comité. « Il sait que son image d’homme poli et digne risque d’en pâtir, mais il s’en fiche. Il a fait valoir ses droits à la retraite, se moque de sa courbe de popularité, n’a aucune arrière-pensée de carrière », explique un dirigeant UMP. Le président est aux anges : véritable paratonnerre, Guéant lui évite de trop se droitiser en prenant la foudre à sa place. « Il a un problème de curseur. La politique, c’est un métier », nuance un proche du président.
Le choix de Guéant pour l’Intérieur, où il avait déjà failli être nommé en novembre, a été mûrement réfléchi : Sarkozy voulait une « rupture » après les passages de Michèle Alliot-Marie, qui a déçu, et de Brice Hortefeux, décrypte un conseiller de l’Elysée. Gêné par l’épée de Damoclès de son procès en appel pour injure raciale, Hortefeux, explique le même, devait contenir ses propos. Or, pour Sarkozy, il faut parler haut, quitte à choquer, et se démarquer du PS sur la sécurité et l’immigration. S’il a amorcé depuis les cantonales un rééquilibrage social, Sarkozy n’a donc pas l’intention de renoncer à sa stratégie « à droite toute », dictée par sa sulfureuse éminence grise, le journaliste Patrick Buisson, ancien de l’hebdomadaire d’extrême droite « Minute ».
Source : Le Parisien
09:27 Publié dans +Les "Réacs" | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
Commentaires
Que des propos de simple bon sens, des tautologies comme celles qu'affectionnaient le colonel Gaulle (que la "France soit toujours la France", etc.) soient aujourd'hui assimilés à des "dérapages" en dit long sur l'état d'esprit des gens de média qui semblent décidés à ne goûter de répit que lorsque ce pays se sera définitivement suicidé.
Ecrit par : max | 08.04.2011
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