01.05.2011
Si l'eurodéputé Philippe Juvin est capable de sermonner* (à bonne distance) le premier ministre Turc, Recep Tayyip Erdogan pour son arrogance ...
... le maire de La Garenne-Colombes (le même) n'est pas foutu en revanche de calmer (ou de faire calmer) une poignée de collégiens alors que des riverains se plaignent de tapage nocturne.
Le courage ou la responsabilité sont deux notions à géométrie très variable pour ce chantre du vivre ensemble dans les media.
Par communiqué de presse, au chaud derrière un bureau de Strasbourg toutes les audaces lui sont permises. Au bout de la rue Sartoris (la rue de la mairie et du commissariat de police) c'est une autre histoire … plus personne.
A 300 mètres à vol d'oiseau - quatre minutes à pieds ou une poignée de seconde en Velsatis 6 cylindres - de la mairie, se trouve une petite place charmante, le rond-point Valpaços. Un rond-point où se croisent la rue de l'Aigle, la rue Sartoris, la rue d'Estienne d'Orves et la rue de Plaisance. Un rond-point très plaisant tant par sa configuration (un restaurant, un café avec terrasse, une jolie décoration) que par sa situation, au croisement des sorties d'écoles et au cœur du village.
Il avait deux bancs publics sur cette place. Il n'y en a plus qu'un, le premier ayant été déboulonné il y a peu. Pourquoi ?
Certains soirs, cet endroit est prisé par des jeunes qui viennent s'y réunir à trois ou quatre, parfois à sept ou huit, jamais plus. Ils ont entre 13 et 17 ans, ils sont collégiens à La Garenne-Colombes et comme tous les jeunes, ils sont un peu exubérants. Tous le monde les connaît.
Ils s'interpellent, s'invectivent parfois. Il y a des garçons, quelques filles. Ils se cherchent. Parfois ils se trouvent et partent bras dessus, bras dessous. Des jeunes, quoi.
Deux ou trois ont un scooter et le prêtent aux copains, histoire de partager leurs rares biens. Et le problème, c'est vrai, c'est qu'un scooter ça fait du bruit. Beaucoup de bruit pour peu qu'il ait été un tant soit peu trafiqué. 80 décibels, c'est quoi, ça. Connais pas, moi !
Alors, oui, certains soir, en particulier de vacances scolaires, c'est assez bruyant et quelques riverains, pas tous, se sont plaint à la mairie.
La réponse ne s'est pas faite attendre, deux employés municipaux sont venus déboulonner un des deux bancs.
Plus de banc, plus de bruit. Un raisonnement simpliste et totallement irresponsable en y regardant de plus près.
Plus de banc non plus pour les personnes âgées, plus de banc pour les familles avec de jeunes enfants, plus de banc pour la petite clope du soir, plus de banc pour les amoureux, plus de banc pour se donner rendez-vous, plus de banc pour lire un bon bouquin, plus de banc pour refaire le monde sur un modèle plus juste. Plus de banc, évidement pour les collégiens à l'heure du goûter.
Il ne reste qu'un banc .. et il est en sursis.
Personne n'est venu expliquer aux riverains, aux habitués et surtout pas aux jeunes collégiens pourquoi le premier banc avait disparu. Et personne n'est venu expliquer non plus que le deuxième allait disparaître.
Et puisque personne n'est venu expliquer à ces jeunes pourquoi le banc avait disparu (si, quelques riverains, le soir en sortant le chien) évidement ces jeunes n'ont rien changé à leurs habitudes et le bruit n'a pas cessé. De deux bancs, ils sont se sont tassés sur un ou s'assoient désormais sur les trottoirs qui forment finalement des sièges, certes moins confortables, mais des sièges tout aussi bien placés dans cet endroit qu'ils aiment bien et qu'ils savent, je parle des trottoirs, IN-DE-BOU-LO-NNABLES (Niquée, la mairie ...).
Résultats des courses, nouvelles plaintes et d'après nos informations, une solution, tout aussi stupide que la première serait imminente.
Le deuxième banc serait condamné ?
Une telle décision serait non seulement stupide puisqu'elle ne résoudrait en rien la présence à ce carrefour des jeunes habitués mais elle serait tout bonnement assassine à plus d'un titre. Comme dit plus haut, elle pénaliserait tous ces gens heureux de se retrouver là, sur ce(s) banc(s) pour une raison ou pour une autre mais elle serait un signe de mépris envers une jeunesse déjà bien maltraitée.
Ces jeunes ne sont pas élevés comme nous aimerions qu'ils le soient, c'est vrai. La solution est-elle de les repousser toujours un peu plus loin pour qu'ils finissent terrés dans des halls d'immeuble ou des caves ? Si quelqu'un le pense, qu'il le dise.
Déboulonner un banc serait la pire des solutions. C'est montrer que la mairie capitule sans même avoir tenté quelque chose.
Déboulonner le dernier banc serait le signe de l'incompétence totale des services publics et des élus. Ce serait un manque de courage impensable au regard des grandes déclarations du maire et de la municipalité. Solidarité, solidarité, lutte contre la délinquance, sécurité, esprit village … mon cul.
Comme nous le disions dans un autre billet, ce ne sont pas les bancs qui parlent, crient et pétaradent à dix heures du soir, ce sont six à huit collégiens âgés tout au plus de dix-sept ans, pas méchants pour deux sous.
Alors oui, on peut toujours être assez lâche pour envoyer de jour des employés municipaux déboulonner un banc mais on peut aussi faire autrement, c'est-à-dire être un tout petit peu plus responsable, avoir des couilles, en un mot et prendre le taureau par les cornes.
Ce sont des collégiens, des petits pour moi, ils ne méritent pas une correction comme les vieux savaient en donner sur la place de leur village. On peut tout simplement vivre dans notre temps et utiliser les multiples leviers dont une ville et ses élus disposent.
La police municipale, d'abord qui pourrait remplir son rôle de proximité plutôt que de passer ses journées à mettre des PV autour de la place de l'église. Mais c'est vrai à 17h30, il n'y a plus personne.
Il y a la police nationale qui pourrait passer tous les soirs vers dix heures faire un petit rappel à la loi et sortir de temps en temps, pourquoi pas un sonomètre, histoire de calmer les pots d'échappement.
Il y a enfin trente cinq élus municipaux, adjoints et conseillers, qui le soir venu pourraient venir raisonner ces jeunes sauvageons. Nous ne leur demandons pas de refaire le programme de sixième avec eux ou de leur faire des grandes tirades sur la notion de vivre ensemble, non, juste venir leur dire qu'il fait bon vivre à La Garenne et qu'en poussant le bouchon trop loin, ces jeunes risquent tout simplement de se voir repousser plus loin. Pas compliqué, non ?
Ce message ne s'adresse pas qu'au maire. En effet, il ya longtemps que l'on sait qu'il vit ailleurs, dans un monde virtuel fait de Twitter et de communiqués de presse insipides. Un monde où la vie réelle n'a plus sa place. Tiens, un exemple concret. Nous parlons du rond-point Valpaços.
Un rond-point qui fut inauguré virtuellement depuis la salle des mariages de la mairie par vidéo interposée sans qu'une seule écharpe tricolore ne foule le sol de l'endroit dont nous parlons aujourd'hui.
Alors, que l'on donne demain depuis Strasbourg l'ordre de déboulonner le denier banc ne nous étonnerait finalement pas. On a jamais vu le maire à cet endroit, pourquoi y viendrait-il un soir alors qu'il n'y a pas l'ombre d'une caméra et d'un journaliste.
Mais à la mairie il y a aussi 35 conseillers municipaux qui pour la majorité d'entre eux aiment leur ville. A ceux-là nous demandons de demander l'avis des riverains (nous savons que cela n'a pas été fait avant le déboulonnage du premier banc) et de prendre quelques petites décisions qui permettraient la sauvegarde du banc restant et la remise en place du premier. Ils pourraient alors se féliciter d'avoir fait quelque chose de bien pour garder à La Garenne-Colombes son esprit village. Un esprit village bien maltraité par son maire comme le prouve le déboulonnage sans concertation des bancs de la ville (église, valpaços).
Pourrions-nous rêver que les Maurice mais aussi les élus de gauche et démocrates et pourquoi pas le gros lapin blanc écologiste (que la police municipale adore) s'unissent et activent tous les leviers pour que nos jeunes collégiens soient enfin les bienvenus sur nos bancs publics et que les scooters soient, dans la foulée, plus souvent contrôlés sur l'ensemble du territoire de la commune. Si les bancs n'ont jamais fait de bruit, les scooters ici comme ailleurs, SI.
Si vous y arrivez, vous aurez fait quelque chose de bien. Si malgré les efforts que vous allez (forcement) faire, les riverains étaient toujours dérangés ou qu'il soit scientifiquement prouvé que ces bancs font du bruit, alors oui, démocratiquement il faudra donner l'ordre à une clé à pipe de faire sa triste besogne. Pas avant !
* 10/11/2010 - "L'attitude du Premier ministre turc est une caricature d'arrogance"- Philippe Juvin (UMP, PPE, F)
"Monsieur Erdogan, cessez de donner des leçons aux européens. En Europe, il faut apprendre l'humilité. Manifestement, vous avez un peu de chemin à parcourir pour y arriver".
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17:47 Publié dans +Déni de démocratie locale | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note | Tags : juvin, erdogan, arrogance, banc, valpaços